Dans l’ombre de la tragédie de Gaza : expulsions massives et expropriations de terres en Cisjordanie
Dans l’ombre de la tragédie de Gaza : expulsions massives et expropriations de terres en Cisjordanie
Bulletin d’information Palestine/Israël – Juillet 2024
Les expulsions massives et les expropriations de terres de Palestinien·ne·x·s par les autorités israéliennes et les colons en Cisjordanie et à Jérusalem-Est ont pris une nouvelle dimension depuis l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023 et l’invasion de Gaza par les forces israéliennes. Un ancien observateur des droits humains s’est entretenu avec Faez Khderat, président du conseil de Zanuta, ainsi qu’avec Jeff Halper, anthropologue israélien et directeur du Comité israélien contre les démolitions de maisons (ICAHD), sur la situation actuelle sur le terrain. PDF Version.


Des observateurs·trices volontaires des droits humains pour la Palestine/Israël
Des observateurs·trices volontaires des droits humains pour la Palestine/Israël
Nous cherchons :
Des observateur·trice·x·s volontaires des droits humains pour la Palestine/Israël
Durée du mandat : 3 mois
Formation préparatoire : 15 – 21 septembre 2024
Début de la mission : mi-novembre 2024 ou en 2025
Vos tâches sur le terrain
- Présence protectrice et accompagnement des communautés locales en Cisjordanie et à Jérusalem-Est.
- Échanges et rencontres avec des organisations palestiniennes et israéliennes de défense des droits humains et de la paix, des paroisses et des communautés juives.
- Observer et documenter les violations des droits humains.
- Rédaction d’articles pour le blog de PWS sur la Palestine/Israël et autre activités d’information et de sensibilisation après le retour en Suisse.
Nos exigences et votre disposition
- Âge : 25 – 70 ans
- Au moins deux vaccinations contre le Covid-19
- Bonne résistance physique et psychique.
- Capacité et intérêt à vivre et à travailler dans une équipe internationale.
- Esprit d’équipe, compétences sociales et sensibilité interculturelle.
- Flexibilité et capacité à faire face à des situations tendues et critiques et à des circonstances changeantes.
- Bonne maîtrise de l’anglais, à l’oral et à l’écrit, connaissances d’arabe et/ou d’hébreu est un avantage.
- Intérêt et volonté de s’informer dans les détails sur le pays et la région de la mission, sur le thème des droits humain et de la transformation des conflits.
- Respect des codes de conduite et des protocoles de coordination et de sécurité de PWS et EAPPI.
- Volonté de poursuivre le travail d’information et de sensibilisation pendant et après la mission.
PWS et EAPPI proposent
- Une formation préparatoire de six jours en Suisse.
- D‘autres introductions à Jérusalem après l’arrivée.
- Coordination locale et accompagnement par les collaborateurs du bureau de Jérusalem.
- Échange et contact avec la population civile sur place.
- Expériences et connaissances basées sur la réalité concernant les origines des conflits, les mécanismes des conflits, les droits humains et le développement.
- Aperçu dans la coopération internationale et du fonctionnement et dans le mode de travail et la réalité des organisations de défense des droits humains et de la paix sur le terrain.
- Contact avec des ONG internationals et avec les représentations suisses sur place.
Les volontaires prennent en charge les frais de vol et d’assurance maladie et paient une contribution à l’entraînement et à la mission. Sur place, tous les frais sont couverts, les personnes en mission reçoivent de l’argent de poche.
Vous êtes intéressé·e ? Nous nous réjouissons de votre prise de contact en envoyant un e-mail à: eappi(at)peacewatch.ch
PWS, 17 juin 2024
Portrait EAPPI 2023
Portrait de Volontaire EAPPI 2023
En 2022, Britta Gfeller s’est engagé durant trois mois comme observateur des droits humains en Palestine/Israël avec Peace Watch Switzerland (PWS). Auparavant, elle a travaillé plusieurs années comme journaliste, notamment dans le domaine culturel à la télévision suisse. Après sa mission, elle s’est réorientée professionnellement et commencera un stage au service de communication de l’EPER à l’automne 2023. Dans cette interview, elle nous parle de sa motivation et de ses expériences sur le terrain. PDF-Version


Le droit à l’eau
Le droit à l’eau : une ressource vitale pour laquelle les populations locales des pays de nos projets doivent se battre
Bulletin d’information Honduras und Palestine/Israël – Juillet 2023
En 2010, l’ONU a reconnu le droit d’accès à l’eau potable comme un droit humain. Pourtant, 40% de la population mondiale est touchée par la pénurie d’eau et le changement climatique ne fait qu’aggraver la situation. En mars 2023, la première conférence mondiale des Nations Unies sur l’eau depuis 1977 a eu lieu. PWS a saisi l’occasion pour se pencher sur la question de l’importance de l’eau dans les pays de programme. Vous pouvez lire ici les témoignages des organisations de la société civile interrogées. PDF Version.


Une présence protectrice auprès des bergères de Kisan
InfoBlatt Palästina/Israel (EAPPI) - November 2022
A Kisan, un village d’agriculteurs·trices près de Bethléem, les observateurs·trices internationaux des droits humains d’EAPPI offrent une protection aux bergères palestiniennes contre les attaques des colons israéliens. Chaque jour, les bergères doivent conduire leur bétail sur des pâturages situés en territoire contrôlé par Israël et jouxtant une colonie israélienne. Des affrontements ont régulièrement lieu. Lisez ce bulletin d’information sur le quotidien et la résistance des bergères concernées. PDF


Portrait de Volontaire EAPPI 2022
Portrait de Volontaire EAPPI 2022
En 2022, Werner Surbeck s’est engagé durant trois mois comme observateur des droits humains en Palestine/Israël avec Peace Watch Switzerland (PWS). Avant sa retraite, il était enseignant secondaire à Spreitenbach et professeur d’allemand pour des requérant·es d’asile. Dans cette interview, il nous parle de sa motivation, de la reprise d’EAPPI après le Covid-19 et de ses expériences sur le terrain. PDF


Quand aller à l’école est dangereux
Quand aller à l’école est dangereux
Par Nicolas

Travail d’accompagnement des droits humains en Palestine/Israël :
Dans le cadre du Programme œcuménique d’accompagnement en Palestine et en Israël (EAPPI) du Conseil œcuménique des Églises : accompagnement protecteur des agriculteurs×trices et des écoliers×ères, monitoring de checkpoints, observation des violations quotidiennes des droits humains, coopération et échange avec les organisations de paix locales ; travail de documentation, de compte-rendu et de sensibilisation.« Make your presence felt »
À 7h du matin, nous nous sommes rendus avec notre chauffeur palestinien à l’école primaire et secondaire de Tuq’u et avons été accueillis, comme souvent, non seulement par des enseignant·e·s et des élèves palestinien·ne·s chaleureux, mais aussi par l’armée israélienne. Les soldats israéliens avaient garé leur jeep à côté de l’entrée de l’école primaire, bien qu’il n’y ait pas de colons israéliens à protéger à des kilomètres à la ronde. Et pourtant, il y a des raisons pour lesquelles ils patrouillent presque quotidiennement devant les écoles palestiniennes. Leur devise est « Make your presence felt » : les Palestinien·ne·s doivent ressentir l’occupation quotidiennement, non seulement physiquement mais aussi psychiquement. Un sentiment que chaque enfant en Cisjordanie connaît et avec lequel il est impossible de faire autrement.

C’est ainsi que d’innombrables élèves palestinien·e·s sont confrontés, avec peur, à l’occupation israélienne sur le chemin de l’école, en passant tôt le matin devant de jeunes soldats lourdement armés avec leur jeep. Beaucoup de leurs connaissances et de leurs proches ont déjà été arrêtés sur ce même chemin de l’école ou dans la cour de récréation et ont déjà vu cette jeep de l’intérieur de l’école. Les enfants sont souvent accusés d’avoir lancé des pierres. Après quelques jours de détention, ils·elles sont généralement libéré·e·s contre une caution de plusieurs centaines de francs. Les enfants ne bénéficient que de peu de droits procéduraux. Ainsi, selon le droit militaire israélien, aucun avocat n’est autorisé à être présent lors du premier interrogatoire de l’enfant.
Peu à peu, les élèves n’étaient plus pour moi des enfants palestinien·e·s comme les autres, mais des visages familiers que je me réjouissais de revoir et qui me saluaient avec des sourires, des gestes chaleureux et de nombreux « high-five ». J’ai d’autant plus souffert avec eux lorsque le personnel enseignant présent m’a informé des arrestations qui avaient eu lieu. La semaine précédente, il y en avait eu trois. Les raisons en étaient inconnues. On ne savait pas non plus où ils se trouvaient. Nous avons réitéré au corps enseignant et aux membres de la famille qu’il était possible de faire appel à l’organisation « Defence for children international » (DCI), qui offre un soutien juridique gratuit dans de telles affaires. Après une courte partie de volleyball, nous avons repris la route.
Violents affrontements
L’après-midi – sur le chemin de l’école à Al-Khader – nous avons été pris dans un violent affrontement entre des élèves palestinien·e·s et l’armée israélienne. À environ 200 mètres de l’école, nous avons rencontré d’un côté des élèves et de l’autre, deux soldats israéliens. Les deux groupes se provoquaient mutuellement par des gestes et des paroles. Le visage recouvert d’un kufiya, les élèves ont ramassé quelques pierres sur le sol et les ont lancées en direction des deux soldats. Ces derniers s’en sont amusés à distance et ont fait signe aux enfants de s’approcher, tout en pointant leurs armes sur les élèves qui s’approchaient. La situation menaçait de dégénérer.

Moins de deux minutes plus tard, nous avons vu des dizaines d’enfants et de jeunes courir dans deux rues latérales. Deux jeeps militaires ont foncé à toute vitesse dans notre direction, poursuivant les enfants dans les rues et lançant des grenades assourdissantes. À pied, quelques soldats israéliens ont sécurisé les environs et ont pénétré dans certaines maisons. Des enfants se sont enfuis des maisons en courant, fuyant les soldats et les détonations des grenades assourdissantes. En taxi, nous sommes passés aussi discrètement que possible devant la jeep militaire et avons vu des soldats israéliens arrêter un garçon et le faire monter dans la voiture. Soudain, un soldat a lancé une sorte de bombe fumigène dans notre direction, qui a atterri sur le toit d’une voiture qui passait par là. Nous étions à cinq mètres de là. La situation devenant trop critique, nous avons quitté les lieux.

Possibilités et limites de l’observation des droits humains
Souvent, nous ne pouvons pas empêcher l’escalade de la violence et les violations des droits humains par notre seule présence. Dans ces situations, nous sommes à chaque fois fortement liés au principe de non-intervention. Mais nous pouvons observer, rapporter et montrer notre solidarité. Ainsi, nous rendons visite aux familles dont les enfants ont été arrêtés. Nous les écoutons et leur montrons qu’elles ne sont pas seules. Dans la mesure du possible, nous agissons comme médiateurs et médiatrices et mettons les personnes concernées en contact avec des organisations locales qui peuvent leur apporter un soutien concret et spécifique. Nous rentrons quotidiennement nos rapports dans un système qui est également à la disposition d’organisations internationales comme l’ONU ou le CICR. Nous recevons en outre des délégations internationales, rendons compte de la situation sur place et effectuons un travail de sensibilisation partout dans le monde. La communauté internationale doit savoir quelles sont les conséquences de l’occupation israélienne sur la vie quotidienne des Palestiniens et des Palestiniennes.
Quelques jours plus tard, nous nous sommes rendus pour la dernière fois à l’école primaire pour faire nos adieux. Dans deux jours, de nouveaux accompagnateurs·trices des droits humains assureront à nouveau une « présence protectrice » devant les écoles. Nous avons attendu que les enfants aient terminé leur appel matinal (chant de l’hymne national, mouvements gymniques et lecture du Coran). Nous sommes restés à côté de la porte d’entrée et avons distribué des « high-five » aux quelque 200-250 jeunes élèves qui passaient devant nous ; un bel au revoir. À ce moment-là, j’ai su que ce qui me manquerait le plus, ce serait les innombrables « school runs », les élèves et les enseignant·e·s Nous avons bu une dernière tasse de thé ensemble avant de reprendre le chemin de la maison.

Bulletin Info Palestine/Israël – Novembre 2021
Bulletin Info Palestine/Israël (EAPPI) - Novembre 2021
Jack Munayer, coordinateur local du programme EAPPI, décrit dans une interview avec PWS tout ce que le bureau de Jérusalem entreprend pour accompagner les personnes et les communautés en Palestine/Israël même sans la présence d’observateurs·trices internationaux des droits humains et pour attirer l’attention internationale sur les événements dans cette région. Aussi disponible en PDF.


Dépossession des Palestinien·ne·s
Dépossession des Palestinien·ne·s
Par Jenny Bolliger
Jenny Bolliger a été mandatée en tant qu’observatrice des droits humains en Palestine/Israël pendant trois mois en 2006/2007 et pendant 3 autres mois en 2007/2008. De 2008 à 2012, elle a été coordinatrice de projet pour la Palestine/Israël (EAPPI) au sein de Peace Watch Switzerland. Jenny est titulaire d’un bachelor en animation socioculturelle et d’un master en Peace Studies. Aujourd’hui, elle travaille avec des personnes réfugiées.
Je me remémore souvent le temps où j’étais observatrice des droits humains. Depuis lors, j’y suis souvent retourné, comme guide touristique, lors de visites, en tant que coordinatrice suisse du programme EAPPI. Mais je n’ai plus jamais remis les pieds Yanoun, le petit village où j’ai passé trois mois durant l’hiver 2006/2007. J’ai de bons souvenirs des après-midis agréables passés avec les villageois·e·s, à récolter des amandes, à faire du pain, à jouer avec les enfants. Ce sont des souvenirs de rencontres chaleureuses, de visages souriants et de moments joyeux où nous avons essayé de nous dire quelque chose.
Je me demande comment va Yassir, le chauffeur de bus, si Ahmed peut continuer à labourer sa terre, si Layla et ses sœurs ont encore tant d’histoires à se raconter.
Travail d’accompagnement des droits humains en Palestine/Israël:
Dans le cadre du Programme œcuménique d’accompagnement en Palestine et en Israël (EAPPI) du Conseil œcuménique des Églises : accompagnement protecteur des agriculteurs·trices et des écoliers·ères, monitoring de checkpoints, observation des violations quotidiennes des droits humains, coopération et échange avec les organisations de paix locales ; travail de documentation, de compte-rendu et de sensibilisation

Les habitant·e·s de Yanoun ont-ils/elles conservé leur joie de vivre malgré la violence des colons israéliens, se soutiennent-ils/elles mutuellement en tant que communauté et leurs enfants ont-ils/elles pu se construire un avenir épanouissant ? J’ai été autorisée à prendre part à leur vie quotidienne, notre présence était un changement bienvenu et le village s’est senti protégé et connecté au monde grâce à nous. Il était de notre devoir de transmettre et diffuser leurs histoires et ainsi d’attirer l’attention sur les personnes qui se cachent derrière les grands reportages.

La menace permanente : l’histoire de Hadla
Le lien avec les personnes susmentionnées est encore très fort et, heureusement, la première chose dont je me souviens, ce sont les beaux moments. Mais les textes que j’ai écrits à cette époque parlent aussi de la menace permanente :
Bouleversée, Hadla nous accueille ; en fait, elle aurait dû quitter sa maison depuis longtemps. Avec ses fils et leur famille, elle vit dans la grotte où elle est née. Des soldats et des colons israéliens passent sans cesse et lui font peur. Elle est heureuse de nous voir et, ensemble, nous essayons de trouver un avocat pour défendre son cas. La terre qu’elle et sa famille cultivent appartient à une grande famille palestinienne à laquelle elle paie un loyer. L’ordre écrit que Hadla a reçu dit, en hébreu, que l’armée veut confisquer la zone à des fins d’entraînement.

Je ne sais pas comment l’histoire de Hadla s’est poursuivie, si l’avocat a pu défendre avec succès la famille. Au cours des trois mois, nous sommes souvent revenus rendre visite à la famille et l’avons encouragée à continuer à se battre. Nous avons documenté son cas et d’autres cas d’accaparement des terres et les avons transmis au bureau local de l’OCHA des Nations unies et au CICR afin qu’ils puissent se faire une idée plus précise de la situation sur le terrain. Nous avons également contacté des organisations de défense des droits humains en Israël, telles que B’Tselem et Adalah, qui contribuent à couvrir les frais de justice.
Hadla n’est pas un cas isolé : il y a différentes méthodes d’accaparement des terres
Il existe malheureusement des milliers d’histoires comme celle de Hadla. Outre les intimidations et les attaques des colons israéliens, le gouvernement israélien tente de s’approprier des terres et de les incorporer à son territoire par divers moyens. Par exemple, les terres sont confisquées à des fins militaires, comme mentionné ci-dessus. Mais les terres palestiniennes sont également expropriées pour la prétendue protection de la nature, pour la construction du mur de séparation ou de routes que les Palestinien·ne·s ne sont pas autorisés à utiliser. En outre, une vieille loi datant de la période ottomane a été réactivée, qui stipule que les terres non cultivées deviennent automatiquement propriété de l’État israélien après trois ans. À cette fin, la population n’est plus autorisée à cultiver et à labourer ses terres – et voilà. Cela ne se produit pas seulement dans les régions rurales, mais peut également affecter des rangées entières de rues et de quartiers dans les villes. L’exemple le plus marquant et le plus récent de la dépossession des Palestinien·ne·s est celui de Sheikh Jarrah, à Jérusalem-Est[1].
Il est bon de savoir qu’après moi, d’autres observateurs et observatrices des droits humains ont été présents pour soutenir les gens dans leur lutte pour leur pays et leurs terres. Mon mandat à Yanoun a eu un grand impact sur moi et m’a rendu plus investie en politique. Les belles rencontres sur le terrain me motivent à rester engagée et à défendre les droits humains. Je continue donc à être active au sein du mouvement Palästina Solidarität Basel.
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[1] https://www.medico.de/blog/mehr-als-ein-paar-haeuser-18183.
À ce sujet, lire aussi le bulletin d’information de PWS de juillet 2021.